A COLMAR, Christian a donné 500 dons du sang en 40 ans
La première fois, il a donné son sang contraint. C’était en 1974, Christian Menou était bidasse au 152è régiment d’infanterie à Colmar. Depuis, il en a rempli des poches. 325 litres en 39 ans ! Et du groupe A + en plus, le plus utilisé avec le 0 +. Certains donnent des conférences, d’autres du fil à retordre, l’homme de Grussenheim donne du sang. Sang, plasma, plaquettes, dans le Christian, tout est bon. Même s’il se voit davantage en fournisseur de plasma. On peut donner son sang tous les deux mois, le plasma tous les 15 jours, les plaquettes une fois par mois. Et Christian, le don dans le sang, s’y tient scrupuleusement.
À l’établissement du sang à Colmar (EFS), il est un peu chez lui. « On sait quel programme mettre à la télé pendant le prélèvement, avoue Muriel l’infirmière, quelle boisson lui servir… » Parce qu’on est bien reçu à l’EFS. Lui sait quel bras présenter à la seringue, suivant l’infirmière qui va le piquer.
Christian vient tous les 15 jours, tutoie le docteur Forny, responsable départemental des prélèvements, envoie des cartes postales… On l’a déjà vu offrir 450 millilitres de sang ou 650 de plasma un 24 ou un 31 décembre.
À l’EFS, il est le « donneur idéal », celui qu’on n’a pas besoin de relancer : « On doit même parfois le tempérer », confie le docteur Forny. « Chaque année, je regarde mon calendrier et je coche le jeudi, tous les 15 jours », explique le fidèle. Le jeudi, c’était avant, du temps où il était boulanger, son jour de liberté. Aujourd’hui, à 60 ans, quand il ne livre pas ses globules, Christian livre les journaux à 4 h du matin.
Pour son 500e don hier, Christian a reçu un panier garni. De quoi reconstituer le stock de globules. Il est champion d’Alsace de la discipline en activité, une dizaine d’Alsaciens ayant dépassé les 400 dons. Un Bas-Rhinois pointe à 534 dons mais est retiré des affaires. Christian montre ses veines en moyenne deux fois par mois alors que le donneur moyen en Alsace vient deux fois par an.
Combien de temps va-t-il maintenir ce rythme ? « Tant que ma santé me le permettra », dit-il. C’est donc la barrière légale des 71 ans qui provoquera sans doute le tarissement de la source de Grussenheim. Il refuse le titre de « champion » et ne voit rien d’exceptionnel dans le déversement de ses centaines de litres et sa régularité de goutte à goutte. C’est la modestie du champion.
Ses 500 dons représentent la consommation journalière en Alsace, région qui affiche la proportion de donneurs la plus importante de France mais en proie à un tassement des dons : « On le ressent depuis l’été, détaille Liliane Schuhmacher, présidente de l’union des donneurs de sang du Haut-Rhin, c’est notamment dû au repli sur soi dans une période de sinistrose ambiante ».
L’Alsace a besoin de 600 donneurs chaque jour. Christian appelle à la mobilisation générale : « Si tous ceux qui se disent prêts à donner venaient ne serait-ce qu’une fois par an, ce serait déjà bien ! » Il viendra encore deux fois avant la fin de l’année.
500 e don pour Christian, entouré de Muriel (à gauche), le docteur Forny et Liliane Schuhmacher.
PHOTO DNA – LAURENT HABERSETZER